•  On change de décor. L'équipe au matin retrouve les marques du dimanche précédent, dans la maison de Niort.

    Avec la pièce essentielle à l'intérieur de la maison : la salle de bains!!

    Le déménagement.

    Avec les précieuses indications de Laurent, le décorateur, les accessoires se remettent en place.

    Avant le tournage, il nous envoyait des messages de ce type :

    Inventaire à la Prévert :

    Guirlande à ampoules (non à led)
    Barbecue sur pieds
    Tapis moderne type Ikéa beigeasse
    Housse de couette, drap, oreillers tons beige itou
    petite penderie sur pied (genre celles en tubes sur roulettes)
    Vélo garçon type VTT
    Cartons de tailles diverses
    Grande peluche
    Banc, grosse loupe
    Grosse montre avec plein de gadgets (Lio)
    Rideaux chambre enfant
    Album photo
    Table et chaises pliantes type jardin
    Figurines Luc et Dark Vador (avec le sabre laser)
    Table chevet ancienne
    Bonne chasse!

     

    Une jolie rue, typique de Niort, avec des maisons étroites à pierres blanches.

    Le déménagment.

    Il y a le canapé bleu électrique, la porte rouge....

    Le déménagement.

    Je fais le blocage d'une rue adjacente.

    - Bonjour, monsieur, je suis désolée, vous ne pouvez pas passer, on tourne.

    - Je suis dans ma rue, je fais ce que je veux!

    - Pas pendant deux minutes, s'il vous plaît.

    Le déménagment.

    Il fait froid, il pleut même, l'équipe a sorti le grand parapluie pour protéger la machinerie pour le son.

    Le déménagement.

    Elodie, la scripte, a mis son bonnet et ses gants gris pour s'installer sur son petit tabouret bleu pliable.

    Le déménagement.

    Mais pour les personnages qui emménagent, c'est le bonheur.

     

    Le déménagement.

    Je me réfugie ensuite pour échapper au temps gris, au troisième étage de la maison, regardant par la fenêtre de l'autre côté, le beau jardin, la lourde glycine ombrant son entrée.

    Le déménagement.

    Les roses, les pivoines en boutons, un jardin fleuri et poétique, jardin de curé avec des salades, des fraises tendant leurs fruits encore verts sous les feuilles de sauge en fleurs et d'aneth pourprée.

    Le déménagment.

    Dans le jardin, il y a la propriétaire, Catherine.

    Le déménagment.

    - Je suis devenue addictive au tournage, à l'ambiance de ruche, à la jeunesse et à la gentillesse de l'équipe. Je viendrais souvent vous voir dans Niort, les prochains jours.

    Elle me raconte dans l'odeur suave et verte de l'anis.

    - Pour les repérages, ils sont venus à trois. J'étais tout de suite conquise. Ils ont pris des photos, ont parlé de déménagement. Cécile m'a dit que la maison était choisie et qu'elle me donnerait une confirmation dès le lendemain. Je suis prête pour l'aventure entraînant mes voisins, qui mettent aussi à disposition leur jardin.

    Mais personne n'appelle : un, deux jours passent, puis quatre. Aucune nouvelle. A partir de ce moment, je deviens paranoïaque. Et si ce n'était pas une équipe de tournage mais des voleurs en repérages et qu'ils allaient vider ma maison?! J'ai commencé à tout boucler, à vivre dans la crainte! Incroyable, moi aussi j'étais en train de me faire un film!

    En fait, les acteurs apportent dans la maison plus d'objets qu'ils n'en enlèvent. Louciné, ma fille joue, ainsi que Noé, le fils de Peggy et Laurène, la fille de la propriétaire. On recompose une famille avec les membres réels de familles qui sont sur le plateau. Mais qui est le chef de cette famille idéale?

    Gérard, bien sûr !!!

    - Bonheur et magie du cinéma. J'arrive et j'ai déjà trois enfants élevés, une femme délicieuse et une maison!! Mais ce soir je divorce, je rejoins Paris ou le Mexique pour retrouver ma vraie vie.

    Le déménagment.

    La chambre du troisième étage est aussi l'endroit où les acteurs se changent.

    Noé, le petit de 6 ans, regarde Gérard torse nu, qui met son tee shirt. Il a un regard interloqué.

    - Dis, c'est des vrais muscles que tu as ou c'est en plastique!

    Il touche, regarde à nouveau.

    - T'es mon père tout à l'heure dans ce cinéma! Parce que mon vrai père, il ressemble pas à ça.

    Pause, les enfants jouent, c'est un des charmes du tournage, ces enfants qui se retrouvent mais aussi le soir pour jouer au parc sur la grande araignée de fils d'escalade du lac du Lambon.

    Le déménagment.

    Dans les moments de pause, où les enfants deviennent follement créatifs :

     

    Le déménagement.Le déménagement.

     

    Lola se change, craintive et légère comme un oiseau. C'est l'heure du déjeuner dans le jardin voisin.

    Tout le monde disparaît.

    Le déménagment.

     

    La famille met six fois la table.

    - Ce n'est pas à cause de votre jeu les enfants, mais à cause de problèmes techniques, de problèmes de mise au point avec la caméra!

    Noé à table s'impatiente : " On peut manger le poulet?

    - Non, c'est toxique, dit Gérard. C'est le décor.

    - C'est du plastique, alors ? s'interroge Noé.

    - Pour lui, aujourd'hui tout est du plastique, reprend Louciné.

    Noé arrive tout excité au troisième étage.

    - J'ai perdu une dent.

    - Montre ta bouche. La petite souris va passer.

    - D'ailleurs qu'est-ce qu'elle fait de toutes ces dents? Des jouets en plastique!!

    Noé, le roi du plastique, descend en ouragan pour la partie de Colin Maillard dans le jardin. Il fait beau, Laurène a pu mettre la jolie petite robe, quitter son châle.

    Le déménagement.

    Et même Lola toujours aussi frileuse laisse tomber sa veste.

    - J'ai adoré cette scène de la famille idéale qui joue ensemble. Tu vois, une famille nombreuse avec plein d'enfants, une mère douce et aimante, un papa constaud qui rigole, me dit Louciné.

    - Je vois ma fille, c'est ton fantasme, ainsi que celui de Lio, le fantasme des enfants uniques qui s'ennuient le dimanche et qui regardent par la fenêtre le bonheur des autres.

    L’escalier de la maison est étroit, la caméra monte, change de lieu avec le combo, le son, les projecteurs. Toute l’équipe de la salle de bains regagne la chambre.

    Le déménagment.

     

    Dans ma tourelle au 3ème étage, j’écris, je sens le tourbillon de ruche active autour de moi, je regarde par la fenêtre la scène qui de déroule dans le jardin, j'entends le rire des enfants.

    Une autre coupure. Lévon explique en s'enroulant dans le rideau le placement de la scène à Max, qui comprend très vite, comme d'habitude, le secret de son talent est son écoute active et sa force de réaction immédiate.

    - Comme cela?

    - Oui comme cela, en faisant les gros yeux.

    - C'est une scène qui peut paraît outrancière à la lecture, mais qui marche magnifiquement bien quand elle est jouée, analyse Lionel, le chef op.

    Le déménagement.

     

     Lévon explique :

    Le déménagement.

    Le déménagement.

    Cette scène burlesque fonctionne bien, grâce au regard de Max, cette intensité qu'il a comme si son coeur était offert à l'instant, dans le moment présent, sans penser à l'avenir. 

    Soudain, j'entends un drôle de son dont le seul l'écho me vient à travers les lames du parquet.

    Une souffle  passant à travers un tuba.

    - Gaëlle, plus de buée!!!

    - Sur ce tournage, j'ai tout fait, le blocage des routes, la voiture balai et maintenant la prêtresse de la bouilloire.

    - T'en a trop mis, on se dirait dans un hammam!!

    Gaëlle c'est la mère de Max, non plutôt Madame la baronne de Malglaive, magicienne des lumières sur les scènes de théâtre, incollable sur Roméo et Juliette devenue spécialiste Master de la buée.

    Quand je descends les escaliers, je croise une drôle de grenouille palmée.

    - Mais Max, tu vas prendre froid! Tomber dans les escaliers.

    - Non, j'adore ces palmes et ça m'amuse!

    Et là, il n'y a plus rien à dire, il y a juste le regard brillant et malicieux de Max, qui dit : Stoppez vos remarques, il faut que... y a pas à.... ne fais pas... Laissez-moi profiter de l'instant.

    Et on capitule dans l'escalier car on se réjouit avec lui.

    Le déménagment.

     

    D'ailleurs toute l'équipe s'est investie sur ses palmes. Voici l'échange de mails avant le tournage.

    - Ça va être un poil petit (les palmes) il les enfilera au dernier moment...!!! Je laisse le soin d'enlever la marque sur les palmes, pas d'acétone à la maison... Zaza

    Le déménagment.

    - Zaza, tu veux dire que les palmes risquent de serrer les pieds de Max? Il va porter ses palmes pendant longtemps, surtout dormir avec. il nous faut être sur que elles ne vont pas serrer et faire mal. Biz Lévon.

    - J'en ai aussi trouvé ! Je les prends on verra sur place :-) Peggy.

    Le déménagment.

    - Non, Peggy, ce n'est pas la peine, c'est trop petit et trop normal. il faut des grandes, colorées! Lévon

    - Je peux vous proposer les miennes, elles sont vertes, taille 36/38. (ci-joint la photo), ça vous intéresse? Elodie

    Le déménagment.

    - Je fonce chez décathlon ...!!! Je t'envoie des photos quand j'y suis ...!!!!
     
    Merci Zaza, Max adore tes palmes.
    Et cela donne cela dans la baignoire.
     

    Le déménagement.

     
     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

     

    Une petite école aux portes du marais poitevin, au départ du labyrinthe de canaux où glissent sur l’eau verte les barques silencieuses. Des roses rouges et des iris jaunes ondoient le long des berges.

     

    Une école où toutes les portes sont ouvertes, avec une très grande cour remplie de jeux et d’arbres,  surplombant la bâtisse toute en longueur, un clocher qui sonne comme une église. Les élèves viennent à l'école en vélo, des barques sont amarrées au bout de leur jardin.

    A Coulon, l'école

    La salle aux murs jaunes, une vingtaine d’enfants qui attendent le tournage dans un silence épais d’excitation. Lola se cache dans la cour sous une capuche, il faut garder l’effet de surprise pour que les regards des enfants dans la classe soient naturels, ceux de la découverte d’une nouvelle élève.

    A Coulon, l'école

     

     

    Voici le storyboard lors de l'exposé de Lio.

      

    A Coulon, l'école 

     

    Moi aussi je tourne :

    La porte est fermée : moteur demandé, silence demandé et action!

    Je me lance, il y a des marques rouges sur le sol comme repères pour faire un arrêt.

    - Bonjour Madame Vernier, bonjour les enfants.

    De nouvelles marques rouges marquent l’emplacement qui a changé.

    - Je vous présente Apolline Pétrossian!

    Un petit mot sur ce nom : c’est Apolline l’actrice qui jouait Loussiné dans le Piano, un petit clin d’œil à l’Arménie dans ce film français au film précédent.

    - On refait tout de suite, moteur demandé, ça tourne au son 3/6. Action. Clap.

    Certains enfants ont des répliques, Valéry, qui joue la maîtresse, les coache, c'est aussi son métier :

    - Il ne faut pas trop les cadrer pour qu'ils soient les plus naturels possible!

    A Coulon, l'école

     

    A Coulon, l'école

    On refait la scène six fois, les élèves comprennent ce que veut dire tourner un film : la patience, l’ennui. Et d’un coup être prêt à l’instant du clap. Une fois encore, puis trois fois de façon muette, puis avec l’autre caméra, puis avec un plan resserré sur Lola, puis sur Max.

     

    L 'équipe est très pro, la script au combo, deux professionnels à la caméra et deux au son, plus les éclairagistes.

    Tout ce monde dans l'espace resserré de la classe et de la salle des professeurs.

    Mais à force de répéter avec conviction mon rôle, je m’embrouille dans le texte.

    A Coulon, l'école

    - Vous…

    Mon cœur bat :

    - Je compte sur….. vous.

    Tout le monde dit que j'ai l'air très naturel. Quand ils apprennent que je suis prof dans la vraie vie, ils me disent que cela ne les étonne pas!

    Quelques enfants sont regroupés au niveau des écrans du combo, c’est le petit rigolo qui joue le pingouin pour se moquer de Lio qui va recevoir une baffe de la part d’Apolline, mais il ne le sait pas. C’est l’excitation quand les élèves voient la répète et qu’Apolline bouscule le petit. La baffe sera d’un coup après la répétition.

    A Coulon, l'école

    Mais au moment fatidique, Lola, qui joue Apolline, ne peut pas. Le petit rigolo anticipe la giffle. Ce n'est pas réussi. Quelle sera la prise au montage?

     

    Il a plu le soir pour le jour de la poursuite en vélo. Lévon revient un peu chagrin.

    Trois enfants étaient volontaires pour la course des mauvais garçons, y compris le fils de la productrice, Titouin. Il devient chef de bande avec son air "so British" de gentil garçon, qu'il est dans la réalité, adorable!

    Zaza lui choisit un costume de mauvais garçon.

    Jean blouson noir et sweat gris foncé pour les mauvais gars qui font peur à Lio...

     

     

     


    votre commentaire
  • La bibliothèque.La bibliothèque.

    7 heures du matin, une pluie dense vient de l'Océan, enroulée dans un vent cinglant. Tout le monde se regroupe frileusement autour de la médiathèque de Niort.  Une grande bâtisse construite sur l'emplacement d'anciens moulins. Le bruit de la pluie, la chute d'eau, une atmosphère humide d'isolement profond dans le silence de la ville, qui ne s'éveillera que plus tard. Un temps de crachin pour les îles Sandwich, mais pas pour un tournage à l'extérieur. Heureusement, ce matin c'est Intérieur. Bibliothèque pour Lio et Apolline.

    La bibliothèque.

    Dans le scénario, c'est un moment que j'aime, le jeune Lio, la tête dans les exoplanètes avec son univers onirique et ses revues, va rencontrer Apolline.

    La bibliothèque.La bibliothèque.

     

    APOLLINE

    Tu n'as qu'à dire un truc sur là où est né ton père ! Il vient d'une île, non ?

    Lio la regarde sans comprendre. Apolline fronce les sourcils :

    APOLLINE

    Non ? C'est la dame qui nous a vendu la maison qui l'a dit. Nous, on est dans la maison à côté de la tienne... Toi, c'est Lionel, c'est ça?

    LIO

    Oui. C'est craignos comme prénom. Je préfère Lio.

    Cette phrase est devenue culte pour l'équipe car le chef Op s'appelle Lionel.

    Lionel : c'est pas du tout craignos comme prénom!!

    APOLLINE

    Moi aussi.

    LIO

    C'est Madame Laplatre qui vous a parlé de mon père ?

    APOLLINE

    Oui. Elle a blablaté à mes parents sur tous les voisins. Pour ton père, elle a dit que c'est l'homme de l'île Sandwich. Sandwich ? Drôle de nom pour une île.

    Lio est pétrifié, rouge comme une tomate.

    APOLLINE

    Quoi, c'est pas vrai ? Ou j'ai fait une gaffe ?

    LIO

    Non... Si... mon père vient d'une île, c'est vrai. Mais je ne savais pas... que quelqu'un était au courant.

    La sœur d'Apolline s'approche et lui chuchote un truc à l'oreille.

    APOLLINE

    Ma mère m'attend. Tu n'as qu'à décrire cette île. Sa position géographique, la faune, les habitants... Comme le prof a dit. Ça doit être chouette cette île... D'ailleurs, je trouve ce prof sympa. Mais la classe, franchement, pas terrible. À demain.

    La bibliothèque.

    - Je n'ai plus qu'une mèche de sang, dit la maquilleuse.

    - Il faudra lui confectionner des cotons!

    - On va devoir faire sans mèches!

    - J'avais dit plusieurs fois de préparer les cotons!

    La bibliothèque.

    Voici quelques brides de propos pris à la volée sur le plateau :

    - Louciné, qui joue la petite sœur, est en place. Caméra B. 1 ère! Clap! Action!

    - Ça tourne au son!

    -  Elle fait juste l'entrée du champ.

    La bibliothèque.

    - A partir de quel moment, je pick up? (reprise d'un morceau de plan)

    - Quand Apolline se penche, Lio saigne du nez.

    - Ça va ton nez!

    - La mèche de cheveux de Lola!

    - Ça ira, pour le raccord, les cheveux des filles bougent tout le temps!

    La bibliothèque.

     

    -  Juste un pick up quand Louciné se lève. 

    - Positionnements, mets-toi derrière la gueuse

    - 6/3! Pick up, caméra 2 demandée. Silence demandé. Clap, action.

    - Il y a un problème de lumière.

    - Le soleil sort, on avait prévu le temps gris pour la lumière!

    - La bascule est trop rapide!

    - Il y a un problème pour le passage de Louciné, pour le raccord lumière on passe à 5000. Merci!

    - Max, tu attends un peu plus longtemps!

    - Merci!

    - Lola, pas si lentement!

    - La place exacte, le dos dans la même position!

    - Raccord!

    - On garde le silence, s'il vous plaît!

    - Lévon, laisse faire Lola, naturellement, après on prend la lumière!

    - C'était rythmé!

    - C'est très bien Lola!

    - On reste à sa place. On va remettre le sang. Une fois qu'on l'a mis, faut être actif et y aller.

    - On se tient prêt.

    - Scène 4.

    - Avec les deux caméras.

     

    La bibliothèque.

     

    - Lola, si ce n'est pas naturel pour toi "la tête dans les étoiles", ne le dis pas. Passe à la suite.

    - Il y a un silence raccord après cette prise, on garde le silence, s'il vous plaît.

    La bibliothèque.

    C'est un moment que je trouve toujours poignant sur les plateaux de tournage. Ce silence après l'activité intense qui a précédé. Cette nappe feutrée jetée sur les hommes et les objets, un moment dense où le souffle lui même est  suspendu dans la vibration de l'air.

    Figée comme une statue, je regarde le combo à la silhouette noire de corbeau, les grandes baies vitrées, les canards qui s'aspergent d'eau dans le petit canal, les carnets de lecture de mes élèves que je suis en train de corriger comme si j'étais dans une bibliothèque sans l'équipe, sans cette effervescence autour, dans un lieu dédié uniquement à la lecture.

    La bibliothèque.

    Moment de suspension, épais silence, silence raccord.

     

    La bibliothèque.

     

    Pour une fois, tout est tourné à temps. Le public investit la bibliothèque à 13 heures, il est 12 heures 30!! C'est un exploit! Jusqu'à présent, il y a toujours eu deux heures de retard!

    Il faut dire qu'un tournage de court est une épreuve, chaque minute compte. Il faut prévoir 12 heures de tournage pour deux minutes de film par jour!

     


    votre commentaire
  •  

    Les mauvais garçons harcèlent Lio et le poursuivent à vélo dans les rues piétonnes de Niort.

    La passerelle


    Voici dans le story-board et le marquage au sol, ses déplacements en vélo.

    La passerelle

     

    Mais grâce à une voiture (la nôtre conduite par Antoine), Lio peut bifurquer et se sauver par une ruelle à droite.

     

    La passerelle

     Antoine est au volant, entre les prises, on discute un peu, il a été clown, élève d'une école Steiner et Alsacien. Cela me fait rire car il est dans une voiture immatriculée en Alsace.

    La passerelle

     

    L'équipe est dans la rue depuis 7 heures ce matin.

     

    La passerelle

     

    A 13 heures, tout est déménagé à deux pas de là, vers la passerelle.

    La passerelle

     La voici, on tourne un jeudi 8 mai. C'est férié, mais c'est jour de marché.

    La passerelle

    L'équipe bloque le passage étroit et tous les habitants reviennent chargés à pas pressés.

    - Désolé, vous ne pouvez pas passer.

    - Comment cela! J'habite juste en face.

    - On tourne. Il y a un autre pont plus loin, si vous voulez!

    - Mais j'ai mes courses! Combien de temps?

    - Une heure trente.

    - C'est insensé! Vous avez une autorisation.

    - Une autorisation préfectorale, la voici.

    - Il est indiqué que vous avez le droit de tourner, mais pas de bloquer le passage.

    - Oui, mais il y a la caméra, les câbles, les projos!

    - Je passe quand même!

    La passerelle

     

    Mais tous les clients du marché ne sont pas ainsi heureusement, ils ont le sourire aux lèvres.

    - C'est quoi comme tournage?

    - L'Homme de l'île Sandwich!

    - Ca à un rapport avec le marché!

    - Non, c'est l'histoire... et c'est Cécile qui raconte avec bonne humeur, très à l'écoute et pleine de gentillesse.

    - C'est toujours mieux de prévenir les gens en souriant.

    On est d'accord Cécile, tu as la bonne méthode, même quand toute l'équipe est sur le pont, fatiguée, au bord de la crise de nerfs.

    Rue de Niort, la passerelle, la sandwicherie.

     Une petite pause s'impose! On regarde avec suspicion dans la cantine sur le lieu du pique-nique. Des sandwichs trop beurrés. Et pour les végétariens! Cette fois-ci le traiteur nous a pris au mot : des salades, rien que des salades: carottes, betteraves  et sans assaisonnement!! 

    Après ce repas "gargantuesque", une petite sieste comme tous les jours, quelques moments de répit volé au regard d'aigle de Lévon, qui plane au-dessus du lieu du tournage.

    La passerelleLa passerelleLa passerelleLa passerelle

     

    C'est La sandwicherie du père d'Apolline.

    Voici le vieux camion initial, tout juste sorti d'un film des années 70. Il est en vente, vous pouvez l'acheter!

    La passerelle

    Et voici comment il est transformé pour devenir un piège pour tout Arménien qui se respecte.

    La passerelle

    Rouge, bleu, orange, Ararat qui est la montagne symbolique des Arméniens. Et ça marche! Deux hommes très décidés se dirigent vers le décor. Des Arméniens de Russie directement aimantés par la carrosserie! C'est le petit clin d’œil du réalisateur à la Diaspora.

    Cerise sur le gâteau, à l'intérieur, il y a vrai un Boyadjian avec un tee-shirt tricolore, aux couleurs de la mère Patrie.

    La passerelle

    Simplement cet Arménien là ne tient pas debout dans le camion, il est trop grand, il lui faut un tabouret pour ne pas paraître être un géant dans une boite de conserve.

    - Tu dois faire un geste très spécifique avec le torchon! indique Lévon, le réalisateur!

    - Oui, je nettoie le comptoir, puis je passe le chiffon sur mes mains, répond Gérard.

    Voici le story-board de la scène  avec les enfants :

    La passerelle

                                                      

    1.                Ext. DEVANT LA SANDWICHERIE ARARAT - APRÈS-MIDI

    Non loin de là, sur le trottoir, on distingue une sandwicherie ambulante nommée "Ararat". Apolline s'approche de la sandwicherie, suivie de Lio. Le vendeur, c'est le Père d'Apolline.

    Apolline

    Papa, c'est Lio, notre voisin. On est dans la même classe...

    Le Père d'Apolline sort une bouteille du frigo et un sandwich mis de côté.

    Le père d'Apolline

    Tiens...

    (à Lio)

    Viens, Lio, approche. Tu as soif, tu as faim?

    Lio est intimidé.

    Lio

    Non, merci.

    Le Père d'Apolline sort une nouvelle bouteille d'eau et un sandwich.

    Le père d'Apolline

    Tiens, prends ça!

    Lio reste à sa place, n'avance pas.

    Le père d'Apolline

    Prends-le, je te dis... C'est un poulet crudités, avec une sauce spéciale. C'est très bon.

    Lio

    Je... Je n'ai pas d'argent.

    Le père d'Apolline

    Ce n'est pas grave! Offert par la maison, tiens!

    Lio ne bouge toujours pas. Le père d'Apolline place le tout dans une pochette et la donne à Apolline.

    Le père d'Apolline

    Donne-lui ça, il est timide, ton copain.

    Apolline prend le sac plastique, se tourne souriante vers Lio, resté à distance, gêné.

     

    Rue de Niort, la passerelle, la sandwicherie.


    Cela a l'air simple comme cela, mais on tourne à côté d'un square où les enfants crient. On fait un tour pour leur dire de se calmer la minute où l'on tourne. Les gamins nous regardent, sourcils froncés.

    - Je fais ce que je veux! en criant exprès plus fort. Vous avez qu'à aller ailleurs!

    Mon autorité en prend un coup.

    - C'est juste pour une minute!

    Les parents, genre Ch'ti du Nord, visage fermé et cigarettes :

    - Faut le faire, tourner à côté d'un square, vous ne pouvez pas empêcher les enfants de crier.

    Heureusement, l'ingénieur du son, Jérémie dit : On prendra le son à part, cela n'a pas d'importance.

    Dans un buisson cachée, je trouve Peggy, la productrice :

    - Dures conditions de travail!

    - Oui, je suis toujours en plein décalage.

    - Y aura assez de sous? Pour la post-prod? Pour la musique?

    Peggy replonge dans ses comptes.

    Rue de Niort, la passerelle, la sandwicherie.Rue de Niort, la passerelle, la sandwicherie.

     

     

    Quelques photos du tournage pour suivre Max. Son bonheur, sa joie qui irradient quand il tourne.

    Rue de Niort, la passerelle, la sandwicherie.

     Et chacun est touché par sa gentillesse, par son humour, par sa disponibilité et son talent.

    Rue de Niort, la passerelle, la sandwicherie.

    Il parle avec chacun, transformant chaque instant en moments de joie pure.

    Rue de Niort, la passerelle, la sandwicherie.

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    - Voilà, on a construit le corps, le visage, les pieds, les mains du film, maintenant il faut chercher l'âme et le cœur.

    Et on va chercher cela dans une rue large de Niort, rue de La Venise verte.

    Et le cœur : c'est un baiser.

    Le coeur et l'âme du film.

    Le coeur bat vite et bien, la prise est facile.

    Pour l'âme c'est autre chose.

    Cela commence bien, un poème cinématographique, deux vélos qui se dépassent, deux enfants heureux et amoureux.

    Le coeur et l'âme du film.

    Mais on va chercher cette âme, très loin, dans les tréfonds des capacités de souffrance de notre pauvre Max.

    Voici ce que cela donne sur le storyboard.

    Le coeur et l'âme du film.

    Mais dans la réalité du tournage, c'est une autre histoire, la séquence prend une tournure très différente!

    Au début, c'est assez amusant avec la vélo accroché au pick-up.

    Le coeur et l'âme du film.

     

    Le coeur et l'âme du film.

    C'est le sang qui pose un problème, le liquide est soit trop épais, soit trop fluide.

    Le coeur et l'âme du film.

    C'est un calvaire,  plus de 17  fois, Max doit mettre le coton imbibé de sang dans sa narine.

    Cette prise n'est plus amusante pour personne, la fatigue, la répétition de la scène, le sang qui ne coule pas comme il faut. Les enfants sont fatigués.

     

     

    Le coeur et l'âme du film.

    Petits combattants désabusés, c'est le sommet du film, l'Anapurna, tout le monde manque d'oxygène. C'est dur de conquérir l'âme du film. Le réalisateur est intraitable, il faut que le film trouve son souffle.

    Heureusement entre les prises, il y a des pauses comme en haute montagne. Les enfants sous les couvertures pour se réchauffer.

    Le coeur et l'âme du film.

    Le coeur et l'âme du film.

    - Allez les enfants encore une fois, une nouvelle prise.

    Anne-Claire encourage, elle a l'habitude des colos et des enfants qui craquent presque à la ligne d'arrivée.

    Le coeur et l'âme du film.

    La tension est tellement forte, saturant l'air frais, que je préfère faire un tour et saluer les poules du jardin, qui insouciantes picorent entre les pâquerettes.

    Le coeur et l'âme du film.

    Et puis le moment de grâce arrive, même s'il ne sera jamais aussi intense que celui qui tourmente le réalisateur.

    Le coeur et l'âme du film.

    La douleur puis la liberté.... Il est libre Max, Lio aussi....

    Le coeur et l'âme du film.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique