Les mauvais garçons harcèlent Lio et le poursuivent à vélo dans les rues piétonnes de Niort.
Voici dans le story-board et le marquage au sol, ses déplacements en vélo.
Mais grâce à une voiture (la nôtre conduite par Antoine), Lio peut bifurquer et se sauver par une ruelle à droite.
Antoine est au volant, entre les prises, on discute un peu, il a été clown, élève d'une école Steiner et Alsacien. Cela me fait rire car il est dans une voiture immatriculée en Alsace.
L'équipe est dans la rue depuis 7 heures ce matin.
A 13 heures, tout est déménagé à deux pas de là, vers la passerelle.
La voici, on tourne un jeudi 8 mai. C'est férié, mais c'est jour de marché.
L'équipe bloque le passage étroit et tous les habitants reviennent chargés à pas pressés.
- Désolé, vous ne pouvez pas passer.
- Comment cela! J'habite juste en face.
- On tourne. Il y a un autre pont plus loin, si vous voulez!
- Mais j'ai mes courses! Combien de temps?
- Une heure trente.
- C'est insensé! Vous avez une autorisation.
- Une autorisation préfectorale, la voici.
- Il est indiqué que vous avez le droit de tourner, mais pas de bloquer le passage.
- Oui, mais il y a la caméra, les câbles, les projos!
- Je passe quand même!
Mais tous les clients du marché ne sont pas ainsi heureusement, ils ont le sourire aux lèvres.
- C'est quoi comme tournage?
- L'Homme de l'île Sandwich!
- Ca à un rapport avec le marché!
- Non, c'est l'histoire... et c'est Cécile qui raconte avec bonne humeur, très à l'écoute et pleine de gentillesse.
- C'est toujours mieux de prévenir les gens en souriant.
On est d'accord Cécile, tu as la bonne méthode, même quand toute l'équipe est sur le pont, fatiguée, au bord de la crise de nerfs.
Une petite pause s'impose! On regarde avec suspicion dans la cantine sur le lieu du pique-nique. Des sandwichs trop beurrés. Et pour les végétariens! Cette fois-ci le traiteur nous a pris au mot : des salades, rien que des salades: carottes, betteraves et sans assaisonnement!!
Après ce repas "gargantuesque", une petite sieste comme tous les jours, quelques moments de répit volé au regard d'aigle de Lévon, qui plane au-dessus du lieu du tournage.
C'est La sandwicherie du père d'Apolline.
Voici le vieux camion initial, tout juste sorti d'un film des années 70. Il est en vente, vous pouvez l'acheter!
Et voici comment il est transformé pour devenir un piège pour tout Arménien qui se respecte.
Rouge, bleu, orange, Ararat qui est la montagne symbolique des Arméniens. Et ça marche! Deux hommes très décidés se dirigent vers le décor. Des Arméniens de Russie directement aimantés par la carrosserie! C'est le petit clin d’œil du réalisateur à la Diaspora.
Cerise sur le gâteau, à l'intérieur, il y a vrai un Boyadjian avec un tee-shirt tricolore, aux couleurs de la mère Patrie.
Simplement cet Arménien là ne tient pas debout dans le camion, il est trop grand, il lui faut un tabouret pour ne pas paraître être un géant dans une boite de conserve.
- Tu dois faire un geste très spécifique avec le torchon! indique Lévon, le réalisateur!
- Oui, je nettoie le comptoir, puis je passe le chiffon sur mes mains, répond Gérard.
Voici le story-board de la scène avec les enfants :
1. Ext. DEVANT LA SANDWICHERIE ARARAT - APRÈS-MIDI
Non loin de là, sur le trottoir, on distingue une sandwicherie ambulante nommée "Ararat". Apolline s'approche de la sandwicherie, suivie de Lio. Le vendeur, c'est le Père d'Apolline.
Apolline
Papa, c'est Lio, notre voisin. On est dans la même classe...
Le Père d'Apolline sort une bouteille du frigo et un sandwich mis de côté.
Le père d'Apolline
Tiens...
(à Lio)
Viens, Lio, approche. Tu as soif, tu as faim?
Lio est intimidé.
Lio
Non, merci.
Le Père d'Apolline sort une nouvelle bouteille d'eau et un sandwich.
Le père d'Apolline
Tiens, prends ça!
Lio reste à sa place, n'avance pas.
Le père d'Apolline
Prends-le, je te dis... C'est un poulet crudités, avec une sauce spéciale. C'est très bon.
Lio
Je... Je n'ai pas d'argent.
Le père d'Apolline
Ce n'est pas grave! Offert par la maison, tiens!
Lio ne bouge toujours pas. Le père d'Apolline place le tout dans une pochette et la donne à Apolline.
Le père d'Apolline
Donne-lui ça, il est timide, ton copain.
Apolline prend le sac plastique, se tourne souriante vers Lio, resté à distance, gêné.
Cela a l'air simple comme cela, mais on tourne à côté d'un square où les enfants crient. On fait un tour pour leur dire de se calmer la minute où l'on tourne. Les gamins nous regardent, sourcils froncés.
- Je fais ce que je veux! en criant exprès plus fort. Vous avez qu'à aller ailleurs!
Mon autorité en prend un coup.
- C'est juste pour une minute!
Les parents, genre Ch'ti du Nord, visage fermé et cigarettes :
- Faut le faire, tourner à côté d'un square, vous ne pouvez pas empêcher les enfants de crier.
Heureusement, l'ingénieur du son, Jérémie dit : On prendra le son à part, cela n'a pas d'importance.
Dans un buisson cachée, je trouve Peggy, la productrice :
- Dures conditions de travail!
- Oui, je suis toujours en plein décalage.
- Y aura assez de sous? Pour la post-prod? Pour la musique?
Peggy replonge dans ses comptes.
Quelques photos du tournage pour suivre Max. Son bonheur, sa joie qui irradient quand il tourne.
Et chacun est touché par sa gentillesse, par son humour, par sa disponibilité et son talent.
Il parle avec chacun, transformant chaque instant en moments de joie pure.